Juliette Buschini

Les rayons du soleil ne sont jamais faits comme moi

30 novembre - 26 janvier
Exposition des lauréates du prix Novembre à Vitry 2023

Chaque année, la Galerie municipale Jean-Collet organise simultanément l’exposition de la sélection du Prix de Peinture avec les deux lauréat·es de l'année précédente.

Cette année, les travaux de Juliette Buschini et de Stella Rinke entrent en discussion au deuxième étage du centre d’art. Elles composent ensemble un dialogue pictural saisissant entre peinture rendant hommage à la pop culture pour l’une, peinture intime et charnelle pour l’autre. Paul Ardenne et Chloé Poulain, ont signé chacun·e un texte sur leur pratique respective.

Youth and it’s the same but there’s ten years more so it’s not

La peinture intitulée Chien sauvage représente un chien noir, visiblement un chien aux oreilles
pointues rappelant celles d’un chihuahua ou d’un lévrier italien. Juliette Buschini a choisi une
palette restreinte de noirs, de gris et de blancs, avec quelques touches de rose clair autour du
museau. Les traits sont flous et esquissés, créant une impression d’inachevé ou de mouvement,
les coups de pinceau sont marqués, conférant au portrait un aspect brut et spontané.
L’expression du chien est difficile à interpréter précisément, il semble avoir été capturé dans un
mouvement, un bâillement ou un ébrouement. Ce chien s’appelle Barlou. Compagnon de vie de
l’artiste, c’est tout naturellement qu’elle choisi un jour de l’intégrer à son corpus d’images.
« Peintre à chien », c’est ainsi que l’artiste se définit dans sa bio Instagram. Clin d’œil à Foujita,
peintre à chat, ou jeu de mots hasardeux en référence aux punks à chien ? Ces quelques mots
sonnent comme un slogan publicitaire dont l’humour sous-jacent côtoie l’envie de faire une
impression vive capable de s’imprimer dans notre mémoire. Juliette puise dans son quotidien les
sujets de ses peintures : un jeu à gratter, un torchon d’atelier, les paroles de morceaux qu’elle
apprécie, un « vu » laissé en suspens dans une conversation à laquelle nous n’avons pas accès.
À l’instar de sa bio Instagram, l’artiste déploie ces éléments comme des phrases d’accroche, des
“hooks” quasi marketing, ambigus comme un sourire de dentifrice.
Depuis quelques années, certains motifs s’ajoutent à ce corpus : une Bratz, un masque de
Spider-Man posé négligemment, ou encore une Magic 8 Ball dans son emballage. Sorte
d’iconographie des années 2000, ces reliques adolescentes portent en elles la nostalgie d’une
époque révolue. En les intégrant à son vocabulaire, Juliette explore la façon dont ces objets
continuent d’habiter notre imaginaire, malgré les années qui s’écoulent. Ils incarnent un passé
encore proche, mais déjà lointain, suscitant ainsi une mélancolie aigre-douce, une reconnaissance
muette du passage du temps et de l’évolution de nos désirs, de notre identité et d’une certaine
difficulté d’être au monde.
À travers le regard de Juliette, le quotidien se transforme en une archive émotionnelle. Chaque
élément anodin qu’elle choisit de peindre semble sélectionné pour sa capacité à évoquer, même
fugacement, un sentiment de reconnaissance ou d’affect. Son travail nous rappelle la force de
ces micro-moments du quotidien, qui, accumulés, constituent la trame émotionnelle de nos vies.
Du sentiment d’empouvoirement lorsque nous marchons dans la rue en écoutant notre morceau
préféré, plein volume, à l’abandon dans les larmes morveuses de notre masque social, sur les
manches d’un sweat-shirt, au fond d’un bus.

Chloé Poulin, novembre 2024

 
 
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